Le cerf et les deux chiens
C’était l’époque dévolue
au brame
Mais en vain se devint
celle d’un drame.
Un beau seigneur des bois
envisageait ses noces
Et sur son territoire en
faisait le négoce.
Plus enclin au terrain
Des arbres verts dont il
se régalait d’écorces
Il préféra brouter leurs
pousses, à la force
D’un combat de merrains
Repoussant à demain
Son choix de libertin.
Le danger survenant
Comme tombe la foudre
Il partit galopant
Sans autre grain à moudre
Il détala comme un lapin
En oubliant sa faim.
D’un cri, d’un bond, d’un
saut
Le conducteur des âmes
Avait quitté la harde ou
se trouvait sa biche
Pour fuir devant l’assaut
Abandonnant sa dame
Car les fiers Poitevins
n’étaient pas à la niche.
Vouvray et De Beaumont
Les deux limiers à
l’encolure dégagée
Par finesse de nez et
vitesse engagée
Menaient la meute au
front.
Dans la beauté des bois
Cerf et chiens aux abois
Le premier dans sa fuite
Les autres à sa poursuite
S’enfoncèrent aux
tréfonds.
Dès lors le bataillon
Mis plusieurs heures à
forcer le beau marginal
Qui dans l’adversité
s’était mis à couvert.
Les chiens de vénerie le
prirent à revers
Et dans la perfection le
tinrent au final.
« Qui te crois-tu
pour fuir ainsi notre attelage ? »
Lui demanda Beaumont les
babines humides.
« Je me marie demain,
de mes bois j’en ai l’âge. »
Vouvray le regard noir
expressif et limpide
Aboya : « De toi
nous allons faire curée
Et n’avons que faire de
tes atermoiements ! »
« Esclaves vous êtes
et l’enfer si je mens
Je prône liberté pour vos
vies torturées. »
Rétorqua l’animal
Dans un brame fatal.
Maladresse
innommable !
Le fier cerf
fût déchu et y trouvât le diable.
On l’avait alerté
Même le lilas blanc a une
ombre portée
Éludant le conseil
Le plus beau lendemain ne
nous rend pas la veille.
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