Le Héron et la Belette
Au bord
d’un étang un héron cendré
Immobile
et madré
Gris,
élégant, hautain
Restait
piqué à mirer l’eau, certain
De la
manne et du breuvage à portée de bec
Evitant
tout salamalec.
Théâtral
dans son costume impeccable
Le bec jaune
orangé en forme de poignard
Notre
oiseau silencieux dans cet affut durable
Etait
insensible au cagnard.
Sortie de
la souche lui servant de tanière
Pour se
prélasser aux rais du soleil
La
mignonne belette altière
Petite
bête féroce au réveil
Aperçoit le
héron.
Notre
carnassier aux dents longues
Veut se
payer sa fiole, haranguant ce larron,
Pigeon sur
bâtons à la tête oblongue.
L’échassier
déteste qu’on s’intéresse à lui
Haut
perché, les yeux vifs
Il évalue
celui
Qui lui
semble être un escogriffe.
L’animal complexé par sa petite taille
Flatte alors tel un pipelet
Et cherche à séduire cette haute piétaille
Et cherche à séduire cette haute piétaille
Comme
oiseleur tend son filet :
« -
Monseigneur du Héron malgré votre grandeur
Etes mal
protégé dans ce monde cupide
Où règnent
les rodeurs.
Dans cette
zone humide emplie de gens avides
Je mène
une bande de rats
Qui contre
paiement, pareront vos embarras. »
Point de
mot de l’oiseau au long cou replié.
La belette perverse excite la querelle :
« - Je suis dans l’affliction, vous me
faites pitié
Car j’ai vu dame Héron jouer la sauterelle
La huppe déployée
Plumage ébouriffé
Aller dans le nid voisin enlever ses plumes
Vous faisant dindon plutôt que
héron ! »
L’oiseau ne pipa mot, ni signe d’amertume.
L’animal ambitieux et fanfaron
S’approcha au plus prés
A l’égal d’un Dieu de sa colère diaprée
Pour tancer le héron : « - Fi !
Je ne vous hais pas
Mais que je vous méprise !
Vergogne et infamie vous courrez au
trépas ! »
Le long cou sans surprise
D’un coup de bec bien ajusté
De pêcheur attesté
À la vitesse de l’éclair
Asséna un coup mortel à l’atrabilaire.
Puis très digne à pas lents s’en alla le héron
La belette ensanglantée et menue
N’avait plus d’émotions.
Le sage a de la retenue
Et ne veut pas le mal
Quand l'insensé arrogant animal
Trop sûr de son impunité
Vient pondre sur les autres des insanités
Toujours
le mensonge détruit et avilit
Seule la
sagesse construit et ennoblit.
Comme d’habitude une fable, encore, magnifique !
RépondreSupprimerBravo Daniel, un régal de vous lire. Merci
Sylviane