LIVRE VI - Fable 109 - (Editions Thot en 2018 - Fabuleux Dédale)
Les deux grenouilles
Aux abords d’une ferme
Dans une jarre, deux sœurs grenouilles sautèrent
Lustrer leur épiderme
Dans une fluide crème alimentaire.
Et toutes deux se trouvant au mieux de leur vie
Triomphaient sans songer à leur survie
Chacune nageant savait qu’il n’est rien de plus doux.
Mais une horrible erreur l’emporta sur leurs songes
Impossible de ressortir du seau, mensonge
Pour celle qui eût dit d’un saut être hors du trou.
Lors au lieu de se plaindre
Il n’y a point de doute, et savent se débattre
De force et de jeunesse il n’y a rien à craindre
Pour sortir du lagon blanchâtre.
Que nenni ! Leurs efforts sont vains.
De sursaut en sursaut
Usant leurs cuisseaux en vains sauts
Elles sont condamnées à être alevins.
L’une finit par dire de laisser tomber
« Ça ne sert plus à rien, autant mourir ici ! »
L’autre ne l’entend pas ainsi
Et ne veut succomber
Continuant à combattre.
Sans cesse, usant de fols efforts
Elle remue, frétille, essaye de se débattre
Le doute en réconfort.
Elle se bat, combat remue et continue
En un vain sacrifice.
Quand soudain de ses mouvements entretenus
Elle ressent le liquide moins lisse
Sans se laisser abattre
Guignant de sa consœur le corps inerte.
La matière s’endurcit à vouloir être albâtre
La crème en beurre offrant la découverte.
Elle retrouve des appuis
Voulant sortir du puits
Elle s’agite, elle s’excite
Recommence ses sauts
L’ahan n’est donc plus vain et de sa réussite
Se retrouve hors du seau.
Chacun vaut ce que valent ses visées de gloire
Lui assurant son équilibre
L’abandon est échec quand l’effort est victoire
Seul un effort librement consenti rend libre.
Très jolie fable, qui finit par une morale, on ne peut plus incontestable. Le tout bien emmené par une douce fluidité dans la narration.
RépondreSupprimerBravo et merci.
Roger