jeudi 24 septembre 2020

Les deux grenouilles

 LIVRE VI - Fable 109 - (Editions Thot en 2018 - Fabuleux Dédale)


 

Les deux grenouilles

 

 

Aux abords d’une ferme

Dans une jarre, deux sœurs grenouilles sautèrent

Lustrer leur épiderme

Dans une fluide crème alimentaire.

Et toutes deux se trouvant au mieux de leur vie
Triomphaient sans songer à leur survie
Chacune nageant savait qu’il n’est rien de plus doux.
Mais une horrible erreur l’emporta sur leurs songes

Impossible de ressortir du seau, mensonge

Pour celle qui eût dit d’un saut être hors du trou.
Lors au lieu de se plaindre

Il n’y a point de doute, et savent se débattre

De force et de jeunesse il n’y a rien à craindre

Pour sortir du lagon blanchâtre.

Que nenni ! Leurs efforts sont vains.

De sursaut en sursaut

Usant leurs cuisseaux en vains sauts

Elles sont condamnées à être alevins.

L’une finit par dire de laisser tomber

« Ça ne sert plus à rien, autant mourir ici ! »

L’autre ne l’entend pas ainsi

Et ne veut succomber

Continuant à combattre.

Sans cesse, usant de fols efforts

Elle remue, frétille, essaye de se débattre

Le doute en réconfort.

Elle se bat, combat remue et continue

En un vain sacrifice.

Quand soudain de ses mouvements entretenus

Elle ressent le liquide moins lisse

Sans se laisser abattre

Guignant de sa consœur  le corps inerte.

La matière s’endurcit à vouloir être albâtre

La crème en beurre offrant la découverte.

Elle retrouve des appuis

Voulant sortir du puits

Elle s’agite, elle s’excite

Recommence ses sauts

L’ahan n’est donc plus vain et de sa réussite

Se retrouve hors du seau.

Chacun vaut ce que valent ses visées de gloire

Lui assurant son équilibre

L’abandon est échec quand l’effort est victoire

Seul un effort librement consenti rend libre.

 

 

 

 

 

 

 

1 commentaire:

  1. Très jolie fable, qui finit par une morale, on ne peut plus incontestable. Le tout bien emmené par une douce fluidité dans la narration.
    Bravo et merci.
    Roger

    RépondreSupprimer