LIVRE VI - Fable 102 - (fable inédite)
Le corps et l’esprit
Les sages Socrate et Platon
Voient dans le corps l’animalité extérieure
Cachant la beauté intérieure
De l’esprit. En tant que faiseur de rogatons
Laissez-moi vous conter ce qu’il reste de l’âme
Quand le corps fait obstacle à l’esprit de sa flamme.
L’Esprit était en rage :
« Tu es un obstacle à ma vie. »
Le Corps était en nage :
« Vois où nous mènent tes envies ! »
« Je suis le cavalier
Tu n’es que la monture ! »
« Alors respecte donc le cheval, pauvre niais !
Et entraîne-toi avec moi dans la nature
Car l’émotion tient l’intellect
Elle est avant le rationnel
Et c’est moi qui t’inonde de nouvelles. »
« Calme-toi ! Tu me fais peur avec tes collectes ! »
« C’est l’angoisse mon bon »
« Et la tentation charnelle salaud ! Angoisse ? »
« T’en plains-tu ? Que je sache ce n’est pas la poisse !
A toi de maîtriser mon bon. »
« Tiens-toi à distance, tes ressentis me nuisent. »
« Mais sans moi, tu te vautres ! »
« Mais pourquoi sommes-nous donc unis l’un à l’autre ? »
« Pour que je te supporte lorsque tu te grises
Jusqu’à la tombe mon bon, où tout disparaît ! »
« Toi, tu disparais, moi, je reste ! »
« Ah ! Ah ! Ah ! Elle est bien bonne, mais n’est pas vrai
L’Esprit, j’en suis navré. » « Le Corps, je te déteste !
Mais si je me dis : Suis-je ou ai-je un corps ?
Je suis dedans ou bien dehors ?
Voilà toute la différence
Entre l’objectif et le subjectif
Je perçois l’image ou le réel ? Beau naïf.
Aïe ! Aïe ! Tu me fais mal ! » « Pas de chance !
Contrôle donc mon bon !
Contrôle et maîtrise ton si bel étalon. »
« D’abord, je ne suis pas ton bon !
Tu n’es qu’un grand malade et tu me rends malade
Tu te moques bien de l’élévation de l’âme
Ne me faisant penser qu’à la dégringolade
Par de soudains malaises infâmes ! »
« On s’use, tu m’uses, je m’use,
Mais je ne sais dire lequel des deux abuse ? »
Ainsi, d’envie, leurs bisbilles n’avaient de cesse.
Il en est ainsi de l’humaine engeance
Sans devenir l’esprit vieillit dans la sagesse
Et sans autre avenir le corps dans la souffrance.
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