jeudi 8 octobre 2020

Seigneur et Maître

LIVRE V - Fable 96 - (Editions Thot en 2018 - Fabuleux Dédale)





 
Seigneur et maître

« Gardez-moi de toute avarice ! »
Se gaussait un orgueilleux homme riche
Qui pratiquait assidûment l’hybris
Ne laissant que pourliche ou matabiche
A de vils flagorneurs
Malveillants ou butors.
« L’argent achète tout », disait le suborneur
En les jouant de son trésor.
Un pauvre hère de pastoureau
Demanda à loger.
Il menait son troupeau
Et étant trop âgé
Quémandait du repos.
Le berger hébergé
N’en était pas moins ivre
De sagesse imbibée.
Le sieur loueur sans aucun savoir-vivre
Autant pour s’amuser que voulant s’exhiber
Etala son pouvoir qu’il tenait de l’argent
Se voulant du manant être désobligeant :
« Cette vie, cet alpage, qui vous vaut ces ennuis
Ne sauraient plus longtemps agrémenter vos nuits !
Devant vous se trouve votre sauveur
Mais que dis-je ? Votre Seigneur
Il vous suffit de me prier
Pour n’être plus déguenillé
Me chérir afin que je vous épargne
Ce bagne, à l’aide de mes sous. »
« Ma foi transporte les montagnes ! »
Répondit le bouvier au grippe-sou.
« Dix sols si tu me dis ou trouver Dieu ! Crédule ! »
« Vingt si vous me dites ou il n’est pas ! »
« Vingt pour cent de tout mon or pour que tu m’adules !
« Le partage serait trop inégal pour ça. »
« Et avec la moitié de ma fortune ? »
« Nous serions égaux. Pourquoi vous flatter ? »
« Et si je te donne toute ma thune ? »
« Avec tout, pourquoi dès lors vous idolâtrer ? »
« Tu me rends fou, bonhomme,
Et me déséquilibre !
Tu ne voudrais donc pas être homme
Et tout comme moi, vivre en étant libre ? »
« Etre homme est si facile
C’est être Un homme qui est le plus difficile ! »



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