lundi 9 novembre 2020

Le Lièvre, l'Ecureuil et le Loup

LIVRE VI - Fable 108 - (Editions Thot en 2018 - Fabuleux Dédale)




Le lièvre, l’écureuil et le loup


Un lièvre ayant perdu sa hase
Aux traces de son sang, d’un renard implacable
Pour sa vie ne se trouvait plus en phase
Morfondu, pitoyable.
Tout proche un écureuil
Vivait un autre deuil
Et son hyperactivité
Démontrait sa terrible anxiété
De n’avoir retrouvé noisettes
Dans ses multiples oubliettes.
Et tous deux accablaient les dieux !
Qui ne sait point ourdir conservation tenace
De tout danger est vite mis sous la menace
Restant ébaubi et vérécondieux.
Dans mes vers s’introduit
Alors un nouvel animal moins doux.
Nos deux niais malheureux faute d’un sauf conduit
Tour à tour se jetèrent
Dans la gueule du loup
Un féroce patibulaire
Que d’injustice tout le monde abhorre.
« Que fais-tu sur mon territoire ? »
« Je viens chercher la mort… »
Répondit le lièvre à cet interrogatoire
«  … Je veux que tu me manges ! »
Le loup trouva la réponse for drôle :
« Tu as de l’humour. Je vais te donner le change
Pourquoi te croquerai-je au vol ? »
« Je suis dépressif, j’en ai assez de la vie ! »
« Tout déprimé ne vit que du passé.
Va de l’avant car ce passé mort t’asservit. »
Et le loup l’ignora en le laissant froissé.
Etonnamment il s’en suivit
Que notre lièvre n’allât de vie à trépas
Quand l’écureuil stressé se trouva sur ses pas.
« Fais attention tu es sur le terrain du loup ! »
Le rongeur se mit à trembler de tous ses membres
Enfiévré de peur, à rendant clelou
De se trouver là, dans la cruelle antichambre.
Ysengrin surgit déclamant :
« Mais qu’arrive-t-il au panache ? »
« Je ne suis pas bravache… »
Dit Belle queue à son corps défendant
« … N’ayant plus de noisettes
Je ne vaux plus tripette
Ne voulant pas mourir de froid
Mange-moi ! »
« Va ! Le loup te pardonne animal importun
Je n’adoucirai point ta plainte
Tout angoissé ne vit que du futur en crainte.
Mais l’avenir n’est point né ! Vil traine-patin !
Sauve qui peut ! Lors flaire donc l’instant présent. »
Une nouvelle fois le loup se retira.
Appliquons l’apologue aux humains maintenant
Sinon l’histoire en pâtira
Car le loup si cruel pourrait montrer ses dents.
Le lièvre consterné par son passé déprime
Quand l’attente de l’écureuil le pousse au crime :
Profitons de l’instant courant c’est évident
Goûtons l’éternité de ce moment présent
Comme si c’était le dernier
Quand la vie toujours sait rappeler ses dangers.
Au malheureux hanté par le passé
Au malchanceux effrayé du futur
Le présent est la piste désignée
A tout nouveau départ de la belle aventure.


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