Le mythe est la source des fables.
Une fable est souvent riche de références aux mythes de toute nature qu’ils soient égyptiens, grecs, bibliques, ou encore moyenâgeux. Car la fable s’inscrit dans le référentiel mythologique et reste issue de la philosophie, de l’éthique et du symbolisme. Elle est construite autour de l’idée altruiste du perfectionnement de l’humanité, elle se calque sur les us et coutumes de l’Antiquité, toujours d’actualité après tant de siècles écoulés, bien que la mythologie soit d’une accessibilité des plus complexes et de moins en moins étudiée. L’explication réside dans le fait que la mythologie garde avant tout une approche essentielle d’enseignement, un système de transmission d’un savoir primordial pour la société humaine, une mine de renseignements et de comportements. La mythologie évoque l’histoire de l’humanité, les causes et premiers principes et les processus individuels ayant donné naissance à ce monde. Elle propose une métaphysique liée à la formation de l’Univers, source d’une vision philosophique de la réalité qui sous-entend une logique de rassemblement des hommes. Ainsi les philosophies engendrent les religions qui ont toujours pour but la pratique d’une morale proposant une façon de mieux vivre ensemble par des comportements définis autour de la duale perception du « Bien et du Mal ». La mythologie est l’exposé d’une métaphysique ; celle-ci s’exprime par une philosophie reliant les êtres à travers une religion ; son dogme engendre une morale qui règle la vie d’une société.
Ensuite le mythe, inspira la légende, et des deux naquit la fable. Le mythe évoquant le Dieu fondateur d’une religion, il est le précurseur de la métaphysique. Par exemple le mythe de Vénus est universel, son culte ayant été l’un des plus importants de l’antiquité, car il touche à l’origine de la vie. Le mythe développe l’idée philosophique. L’éthique accompagne toujours le mythe, tout en restant liée aux traditions et coutumes du lieu géographique ou réside le peuple. Le mythe est moral et garde une fonction éducative pour les individus, comme celui de Persée, à la fois fils de Dieu mais sans qualité divine, héros d’exploits et donc un modèle à imiter. Le mythe peut être aussi initiatique à la tradition culturelle du lieu comme Orphée et ses mystères.
La légende, elle, va servir à peaufiner le mythe, en y ajoutant des inventions fictives. Elle utilise une histoire vraie, ou susceptible de l’être, pour en faire un mythe. La légende donne à penser que l’histoire racontée constitue des faits ayant réellement existés ou qui peuvent survenir dans la vie courante. Son rôle éducatif est évident. La légende type est celle d’Hercule. La légende est toujours philosophique et non plus religieuse.
Et puis la Fable vient compléter ce système mythographique. La fable utilise exclusivement l’invention. Tout est possible dans une fable, où l’irréalité prend son concret par sa forme artistique. La fable instille une finalité initiatique promouvant l’élévation de l’âme humaine. Elle fait appel au ressenti par l’intermédiaire de la richesse animalière afin d’éveiller l’être à la perception d’un domaine autre que celui de la réalité matérielle quotidienne. La fable recherche la subjectivité, elle s’adresse à l’individu, non pas à la collectivité. Elle a recours au symbolisme et à la métaphore, afin de toucher l’âme de l’être pensant. Les fables ont une source commune, comme celles de La Fontaine, dérivées de celles de Phèdre, qui sont liées à celles d’Esope où encore à l’oralité des sages indiens. Toutes ont en commun la lutte entre le bien et le mal en chacun de nous. La fable présente un voyage sur le chemin ardu des épreuves et de la lutte contre soi-même, la psyché pour apprendre à mieux se connaître avec souvent l’aide de la faune animalière. On y côtoie ainsi l’égo, le bien ou le mal, les vices et les vertus, les sept péchés capitaux, et chaque lecteur maître de son propre ciseau de censure trouve l’endroit de sa propre césure dans l’échelle de valeur. Les fables sont ainsi un éveil à la réflexion sur les chemins de vie de l’humanité.
Alain le Damlend
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